Jean-Michel Baylet, candidat à la "primaire citoyenne", le 28 septembre 2011 à Boulogne-Billancourt.REUTERS/POOL
Un vent de fronde inédit souffle sur la presse quotidienne régionale. Dans un bel élan unanime et inédit, les patrons de journaux membres du vénérable SPQR (Syndicat de la presse quotidienne régionale) ont boycotté une invitation du président de la République à déjeuner, lundi 10 octobre. L'information, révélée par la Lettre A, a été confirmée au Monde.
Motif de cette grogne : le fait que l'un d'entre eux, Jean-Michel Baylet, PDG du groupe La Dépêche, mais aussi président du Parti radical de gauche (PRG) et candidat à la primaire socialiste, n'était pas invité à la table présidentielle. La quinzaine de convives a donc décidé purement et simplement de ne pas venir, estimant que l'Elysée n'avait pas à faire le tri entre ceux des patrons de presse qui avait le droit de venir et les autres. "Ce courage collectif nous a surpris nous-mêmes", raconte l'un d'entre eux.
"GAFFE INCROYABLE"
Ce déjeuner avait été organisé pour réparer un premier rendez-vous manqué. Le président de la République n'a pas pu se rendre en effet, le 21 septembre, au cocktail annuel du SPQR pour cause de voyage à New York. Cet événement mondain, qui a lieu tous les ans à Paris au Cercle interallié, rassemble le tout-Paris médiatique et politique. On pouvait y croiser cette année François Fillon ou encore Claude Guéant, aux côtés de patrons de presse comme Marie-Odile Amaury du Parisien ou François-Régis Hutin de Ouest-France.
La presse quotidienne régionale est toujours très courtisée par les élus de tout bord, pour son influence - réelle ou supposée - sur l'opinion publique. Jacques Chirac ne manquait aucun de ces rendez-vous, du temps de sa présidence. Nicolas Sarkozy n'y est venu qu'une fois.
L'annulation du déjeuner de lundi marque un nouveau rendez-vous manqué du chef de l'Etat avec la presse régionale. "Juste avant une année électorale, c'est une gaffe incroyable", témoigne un bon connaisseur du milieu.
Xavier Ternisien