Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche dresse le bilan des sept premiers mois de la présidence Hollande.
Question
Vous êtes président du Parti Radical de Gauche. Quel bilan dressez-vous des sept premiers mois de la présidence Hollande ?
Jean-Michel BAYLET
Un bilan positif. Il faut voir dans quel état nous avons trouvé la France.Et ce qui me satisfait, c’est que le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement se conduisent en responsables avisés. Ils laissent la démagogie sur le côté, pour essayer de tracer le sillon qui va nous permettre de redresser la France.
Question
Est-ce que vous pensez qu’il ne manque pas un peu d’audace à gauche ?
Jean-Michel BAYLET
Non. Nous ne sommes pas comme sous SARKOZY, dans les annonces permanentes et le folklore. Nous sommes dans une volonté de remettre notre pays sur les rails. Il faut ramener la dette à 3 % du PIB, nous nous y sommes engagés. Il faut que la France soit de nouveau un pays prospère, un pays compétitif. Nous avons beaucoup parlé de pacte de compétitivité, mais cela ne peut pas se faire comme ça ! Regardez ce qui se passe partout en Europe, sans parler de ce qui se passe dans le monde. Regardez combien l’héritage que nous avons reçu n’est fait que de malheurs, de larmes et de licenciements. Il y a donc la nécessité de gouverner de manière raisonnée, de manière sérieuse, et de prendre des décisions dont j’ai bien conscience qu’elles ne sont pas toujours comprises par l’ensemble de l’opinion publique, mais qui sont indispensables pour retrouver le bonheur des Français.
Question
Néanmoins, est-ce que vous comprenez l’impatience des Français, à qui on dit : le chômage ça sera fin 2013, dans un an ?
Jean-Michel BAYLET
Bien naturellement que je comprends l’impatience des Français, bien naturellement que le taux de chômage est inacceptable pour eux.
Il faut faire le choix de la confiance face au chômage.
Je salue la mobilisation du gouvernement et l’engagement du Président de la République de tout mettre en œuvre pour faire baisser le chômage avant la fin de l’année 2013.
La majorité s’est donnée, avec le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, les moyens d’atteindre cet objectif. Désormais il appartient aux entreprises de faire le pari de la confiance et du patriotisme économique, d’une part en créant les conditions d’un accord avec les syndicats dans la négociation sur la sécurisation de l’emploi et d’autre part en s’emparant massivement du contrat de génération dès qu’il sera voté par le Parlement.
Nous avons pris de bonnes mesures, de bonnes décisions, avec courage. Nous n’avons pas hésité à assumer y compris la part d’impopularité. Mais nous savons qu’il n’y a pas d’autres solutions, et que si d’autres avant nous avaient eu cette même volonté politique de redresser les comptes de la France, nous n’en serions pas là. La gauche est celle que j’aime, c’est la gauche que les radicaux ont toujours défendue, la gauche de la raison et la gauche du courage.
Question
Comment diriez-vous que fonctionne la majorité gouvernementale : bien, très bien, entre les différents partis, dont le vôtre ?
Jean-Michel BAYLET
Pas aussi bien que je ne le souhaiterais, et d’autant plus que les communistes, qui devraient se reconnaître dans notre action, sont clairement dans l’opposition ! Ils ne votent plus le budget aujourd’hui, ainsi que leurs amis du Front de Gauche – ce qui d’ailleurs, contrairement à ce qu’ils auraient pu penser, ne les sert pas électoralement, nous l’avons vu lors des dernières partielles.
Quarante ans après avoir fait le choix de l’Union de la Gauche, le Parti Communiste Français a clairement choisi de rompre avec la logique de rassemblement de la gauche qui a permis à la France d’avoir deux présidents de la République socialistes.
Les Radicaux de gauche, fidèles à la philosophie Mitterrandienne, regrettent que les communistes s’enferment dans une posture d’opposition qui fait objectivement le jeu de la droite, comme on l’a vu à plusieurs reprises au Sénat sur des votes importants, au lieu d’essayer de peser de façon constructive sur la politique du gouvernement.Quant aux écologistes, ils n’ont pas toujours la loyauté que l’on peut attendre d’un partenaire qui a été très bien traité.
Néanmoins, le bloc fondamental de la majorité que forme les radicaux et les socialistes est un bloc uni, est un bloc homogène, est un bloc qui est vraiment déterminé à redresser le pays, à prendre les bonnes mesures, et à faire évoluer la société par un certain nombre de mesures sociétales, que j’avais moi-même réclamées dès les primaires.
Question
Qu’est-ce qui manque, qu’est-ce qui manquerait, pour que les Français comprennent les décisions gouvernementales ? C’est de la confiance, de la communication, de la pédagogie, de la lenteur ?
Jean-Michel BAYLET
La pédagogie est faite par le président de la République et par le Premier ministre, et je crois que jamais on n’a autant expliqué. Ce qui manque, c’est de retrouver la prospérité, nous n’en sommes pas encore là. Mais bien naturellement les Français sont impatients. Quand vous avez des chômeurs dans votre famille, quand vous êtes en difficulté salariale, quand vous voyez que votre entreprise risque de licencier, vous êtes inquiet. Mais je comprends très bien tout cela. Et il est difficile d’expliquer, parfois, que les mesures que nous prenons vont justement dans le sens du rétablissement du pays, alors qu’ils ont l’impression, et que certains veulent les convaincre, que c’est tout l’inverse. Mais moi je suis convaincu que dans les deux années qui viennent nous arriverons à retrouver le bon chemin, et que nous retrouverons la croissance, nous retrouverons de l’emploi, et nous retrouverons de la prospérité. C’est le pari que nous posons. Et c’est pour cela que nous avons présenté notre projet aux Français, qui l’ont quand même accepté, et qui – ils ont tendance à l’oublier déjà – ont rejeté l’ancienne majorité pour ses comportements et pour sa mauvaise politique. Mais je suis convaincu que nous allons vers le mieux, en disant quand même que nous sommes aussi liés à la conjoncture européenne et à la conjoncture internationale. Notre salut se trouve aussi dans l’Europe.
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