J’étais hier avec Vincent Garel, président de la fédération PRG du Tarn, et Raymond Vall, sénateur PRG du Gers, aux côtés de François Hollande à Albi puis à Carmaux.
Le candidat de la gauche à l’élection présidentielle a rendu hommage à Jean Jaurès. J’ai rappelé à cette occasion que Carmaux était dans « une région dont le cœur est à gauche, éprise de justice et de progrès » et j’ai insisté sur l’héritage de Jaurès « qui fut l’une des plumes de La Dépêche », « défenseur des mineurs de Carmaux, initiateur de la Verrerie, coopérative ouvrière », attaché à la République et à la laïcité.
Mon discours du 16 avril à Carmaux
« C’est une très grande joie pour nous tous, mais aussi une grande fierté, de t’accueillir, mon cher François, dans notre grand Midi républicain, cette région dont le cœur est à gauche car elle est, depuis longtemps, éprise de justice, de progrès, et heureuse d’avoir inventé la convivialité, le vivre-ensemble.
C’est aussi un grand honneur, Monsieur le Maire, de nous retrouver chez vous, à Carmaux, berceau d’un des tout premiers syndicats de mineurs et terre d’élection de l’immense Jean Jaurès. Et Jaurès n’est pas inerte dans notre mémoire. Sa figure vaut comme une prémonition. Elu radical de Toulouse, devenu socialiste après la grande grève de 1892, il résume en somme toute la gauche, toute sa force lorsque ses différentes sensibilités savent se rassembler.
Mais c’est aussi, pardonnez-moi de le dire, avec une émotion personnelle particulière que j’évoque Jean Jaurès qui fut, pendant trente années, la grande plume de La Dépêche. Le jour même de son assassinat, ce terrible 31 juillet 1914, La Dépêche publiait un de ses articles, une vigoureuse mise en garde contre la guerre déjà en marche. Décidément oui, nous avons tous Jean Jaurès en patrimoine commun.
Et il continue à nous délivrer ses leçons. Défenseur des mineurs de Carmaux, promoteur de la verrerie ouvrière d’Albi, initiateur de la première coopérative viticole languedocienne, il avait foi dans la communauté des hommes, dans la puissance des grands projets collectifs, dans les vertus de l’instruction républicaine, dans l’utilité des services publics qu’il défendait contre Jules Guesde lui-même. Il croyait en l’unité fondamentale de la condition humaine et jugeait indissociables la liberté, l’égalité, la fraternité, mais aussi la laïcité.
Il avait également claire conscience de la force réactionnaire des puissants coalisés qui étaient ses seuls véritables adversaires. Ce rappel n’est pas inutile, cher François, dans un moment où la droite se livre au plus odieux des chantages sur les citoyens. Demain, nous dit-on, ton élection, que nous espérons, que nous attendons, que nous voulons tous, déclencherait une sorte de guerre de la spéculation financière, un bombardement de notre économie et de nos finances publiques.
Eh bien non ! Messieurs Sarkozy, Fillon et autres, nous ne sommes pas en guerre. Comme Jaurès nous la refusons. Mais nous vous mettons en demeure d’expliquer aux Français cette lamentable contradiction : comment le sortant autoproclamé « candidat du peuple » peut-il être en même temps le préféré des banquiers, des marchés et du Medef ?
Nous ne voulons pas de ces oppositions ridicules et caricaturales. Nous avons le ferme espoir d’une large majorité constituée pour la victoire de François Hollande et, au-delà, d’une France enfin
réconciliée avec le meilleur d’elle-même.
Notre étape de Carmaux illuminée par l’esprit de Jaurès s’inscrit dans le long chemin qu’à travers mille épreuves notre pays a suivi pour aller vers cet horizon où la justice s’épanouit toujours plus. Il va des philosophes des Lumières jusqu’à notre combat d’aujourd’hui. Il passe par la Révolution bien sûr qui n’est pas seulement, n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, celle de Robespierre et de Saint-Just mais aussi celle de Sieyès et Condorcet. Par les journées de juillet 1830. Par la révolution de 1848 et les conquêtes de l’éphémère II° République et l’exil de Victor Hugo. Par la commune de Paris le temps des cerises et le bagne pour Louise Michel. Par les combats des républicains pour l’école, pour les libertés associatives et syndicales, pour la séparation des églises et de l’Etat. Et il passe encore par l’énergie de Clemenceau au service de l’intégrité territoriale. Par les conquêtes sociales du Front Populaire. Par l’esprit de la Résistance. Et par les immenses progrès auxquels nous avons eu la chance et l’honneur de contribuer grâce à François Mitterrand.
C’est tout ce magnifique héritage qu’il te revient aujourd’hui, mon cher François, de porter en y ajoutant encore ta force de caractère contre les crises déclarées ou imminentes mais aussi ton humanité que je sais rayonnante et chaleureuse, et même contagieuse, pour faire disparaître de notre société les mauvais germes de haine et de division que d’autres y ont semés.
Pour moi, je n’ai pas le moindre doute. Aussi impressionnant qu’il soit, ce flambeau, tu sauras le relever. Et tu sauras le porter plus loin car la République est un projet toujours inachevé, une merveilleuse insatisfaction. Et dans trois semaines, j’en suis certain, les Français seront émerveillés de se découvrir encore capables de rêver, d’inscrire leurs rêves dans la réalité, de parler, par-delà les frontières et les différences, à toute l’humanité et de se réveiller le 7 mai au matin avec un nouveau Président de la République. Vous connaissez tous son nom : François Hollande ».